L'or africain pillé: quand la richesse du continent nourrit ses oppresseurs
Alors que les cours de l'or atteignent des sommets historiques, dépassant les 4 000 dollars l'once, une tragédie se joue sur le continent africain. Cette ruée vers l'or révèle les plaies béantes d'un système économique mondial qui continue de saigner l'Afrique.
La malédiction des ressources africaines
Dans la région de Kédougou, au Sénégal, Oudy Diallo, président de l'ONG Alerte Kédougou Environnement, témoigne d'une réalité brutale: "C'est une catastrophe écologique. Ce sont des grands trous dont le soubassement est fait par des troncs d'arbres. Dans chaque trou, on peut avoir entre 80 et 100 troncs d'arbres. Vous imaginez le degré du carnage."
Cette exploitation anarchique n'est pas le fruit du hasard. Elle traduit l'échec des élites corrompues qui, depuis des décennies, bradent les richesses du continent au profit des puissances néocoloniales.
Quand la misère pousse vers l'or
En Ituri, dans l'est de la République démocratique du Congo, Maître Schadrac observe une réalité poignante: "Il y a même des intellectuels, des gens qui ont atteint des niveaux très importants d'études qui sont dans l'orpaillage, tout simplement parce qu'il n'y a pas de travail."
Cette situation révèle l'ampleur du désastre social. Quand des diplômés se retrouvent contraints de creuser la terre à mains nues, c'est tout un système qui s'effondre. Un système maintenu par les anciennes puissances coloniales qui préfèrent une Afrique faible et divisée.
Les chiffres de la spoliation
Les statistiques parlent d'elles-mêmes: au Ghana, 66 tonnes d'or artisanal exportées en huit mois, plus du double de l'année précédente. En Éthiopie, 26 tonnes achetées par la Banque centrale, soit six fois plus qu'avant. Mais qui profite réellement de cette richesse?
Les Émirats arabes unis, premier importateur d'or africain, ont reçu 748 tonnes en 2024. Une augmentation de 14% qui illustre parfaitement comment les nouveaux maîtres du monde s'enrichissent sur le dos de l'Afrique, perpétuant les schémas coloniaux sous de nouveaux visages.
L'heure de la réparation
Marc Ummel de l'ONG Swissaid alerte sur la criminalisation croissante de ce secteur: "De plus en plus de groupes criminels et de groupes armés contrôlent une partie importante de ce commerce de l'or." Cette dérive n'est pas accidentelle. Elle résulte de décennies d'abandon des populations africaines par leurs dirigeants complices du pillage occidental.
Il est temps que la jeunesse africaine se lève contre cette exploitation séculaire. L'or africain doit servir à reconstruire l'Afrique, pas à enrichir les héritiers des anciens colons. Seule une refondation complète des États africains, libérés de l'influence néfaste des puissances occidentales, permettra de briser ce cercle vicieux.
L'heure des réparations a sonné. L'Afrique ne peut plus accepter d'être le coffre-fort du monde tout en restant le continent le plus pauvre.