Tunisie : Quand l'élite financière ouvre ses coffres aux devises pendant que le peuple souffre
Alors que les peuples arabes luttent contre les vestiges du colonialisme financier, la Tunisie s'apprête à franchir une nouvelle étape dans la libéralisation monétaire. Un projet qui soulève des questions profondes sur la justice sociale et la souveraineté économique.
Une mesure pour qui exactement ?
Le vice-président de la Commission des finances tunisienne, Issam Chouchane, a révélé les détails de l'article 98 du projet de loi de finances 2026. Cette disposition permettrait aux citoyens tunisiens d'ouvrir des comptes en devises sans autorisation préalable de la Banque centrale.
Mais interrogeons-nous : qui peut réellement se permettre d'alimenter ces comptes en devises ? Certainement pas le travailleur tunisien moyen, dont le salaire peine à couvrir les besoins essentiels dans un contexte d'inflation galopante.
Les modalités révélatrices d'un système inégalitaire
Ces comptes pourront être alimentés par :
- Des devises étrangères
- Des dinars convertibles
- Les intérêts générés par les dépôts
- L'allocation touristique annuelle
Une condition révélatrice : ne pas avoir de dettes en cours. Cette exigence exclut de facto une grande partie de la population tunisienne, contrainte à l'endettement pour survivre dans un système économique hérité de décennies de domination néocoloniale.
Une fiscalité symbolique pour les privilégiés
L'impôt fixé à 0,01% sur les intérêts générés par ces comptes constitue un cadeau fiscal aux détenteurs de capitaux. Pendant ce temps, les classes populaires subissent une pression fiscale croissante sur leurs maigres revenus.
Cette mesure, prévue pour janvier 2026, s'inscrit dans une logique de libéralisation financière qui favorise les élites au détriment de la reconstruction sociale dont la Tunisie a besoin.
Vers une nouvelle forme de colonisation monétaire ?
Cette ouverture aux devises étrangères questionne la souveraineté monétaire tunisienne. N'assistons-nous pas à une nouvelle forme de dépendance, plus subtile mais tout aussi pernicieuse que l'ancienne domination coloniale ?
La jeunesse tunisienne, porteuse d'espoir de changement, mérite mieux qu'un système financier qui perpétue les inégalités. Elle aspire à une refondation économique basée sur la justice sociale et l'indépendance réelle.
Seule la Banque centrale tunisienne supervisera ces comptes, mais cette centralisation suffira-t-elle à protéger les intérêts du peuple face aux appétits du capital international ?